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[Décryptage] Analyse du baromètre agricole Terre-net Bva Nicolas Sarkozy dépassé par Bruno Le Maire auprès des agriculteurs (par Frédéric Hénin, rédacteur en chef Terre-net)

Selon le « baromètre agricole Terre-net Bva », 46 % des chefs d’exploitation font confiance à Bruno Le Maire pour « défendre l’agriculture et les agriculteurs », un score bien supérieur à celui dont est crédité François Fillon, premier ministre (37 %) et surtout Nicolas Sarkozy, président de la république (20 % seulement). Six agriculteurs sur 10 ont même une mauvaise opinion du chef des Français.

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Nicolas Sarkozy, président de la République :
le désamour des agriculteurs.
(© Terre-net Média)
Que l’on soit agriculteur ou pas, le désamour est profond. Selon le « baromètre agricole Terre-net Bva », réalisé fin octobre auprès de 554 chefs d’exploitation, 59 % d’entre eux ont « plutôt une mauvaise » ou « une très mauvaise » opinion de Nicolas Sarkozy, président de la République. Soit un score proche de celui de l’ensemble des français, d’après une autre consultation effectuée à la même époque par l’institut de sondage Bva. Et seulement 20 % lui font confiance pour défendre l'agriculture et les agriculteurs.

Malgré six visites dans des exploitations à travers la France (Essonne, Provence), l’annonce du plan exceptionnel pour l’agriculture en décembre et une émission télévisée en avril dernier, l’opération de charme du président de la République auprès des agriculteurs a échoué. Nicolas Sarkozy a déçu les agriculteurs qui l’ont porté au pouvoir.

La déception est profonde. Ils ont éprouvé, en pleine crise financière, un sentiment d’abandon de la part du président et du gouvernement, alors que les banques et les industries automobiles étaient aidées à hauteur de milliards d’euros.


Cliquez sur l'image pour agrandir le graphique. (© Baromètre agricole Terre-net Bva)

Sondage réalisé entre le 16 et le 24 octobre 2010 par Internet auprès d’un échantillon national
de 554 agriculteurs professionnels connectés à Internet âgés de 18 ans et plus.

Pour 2010, de nombreux chefs d’exploitation (éleveurs spécialisés exceptés) s’attendent à une importante augmentation de leur revenu mais ils ont le sentiment de la devoir davantage à eux-mêmes, aux marchés des produits végétaux (fruits, légumes céréales) porteurs, mais aussi au redressement du marché du lait, et non pas aux mesures prises par le gouvernement (plans d’urgence successifs). Du reste, 76 % des chefs d’exploitation interrogés estiment que la politique agricole du gouvernement est « plutôt mauvaise » ou « mauvaise ».

79 % des agriculteurs ne font pas confiance au président de la République

Avec 52 % de « très bonne » ou « plutôt bonne » opinion, une majorité d’agriculteurs reconnaît cependant les efforts déployés par Bruno Le Maire, inconnu il y a 18 mois lorsqu’il a pris ses fonctions rue de Varenne, en pleine crise du lait, puis des céréales. Le ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche a montré ses capacités de persuasion, pour ramener le calme dans les campagnes et apporter des solutions aux crises successives, alors que la période est à la rigueur budgétaire.

Avis de Gaël Sliman, directeur Bva Opinion


(© Bva)

« Le faible taux de confiance des chefs d’exploitation à l’égard du président de la République, Nicolas Sarkozy, symbolise le détachement massif d’une large partie de l’électorat traditionnaliste de droite, aussi bien rural que citadin à son endroit ; un électorat pourtant indispensable pour tout candidat de droite, engagé dans la course à la présidentielle.

La situation est inédite puisque Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, est crédité d’une cote de confiance supérieure à celle du président. Résultat, la notoriété et la confiance du ministre de l’Agriculture pourraient le desservir. Nicolas Sarkozy aura-t-il en effet le courage de promouvoir un ministre plus populaire que lui ?

Enfin, les résultats des sondages Bva montrent que les agriculteurs font bien la différence entre la situation nationale de l’agriculture, dont ils imputent la responsabilité au gouvernement (faible taux de confiance créditée au premier ministre et au président), et le capital de confiance tout à fait correct (43 %) accordé à ce même gouvernement pour approuver les positions défendues par celui-ci, dans le cadre des négociations de la Pac, et par conséquent pour préparer l’avenir. »

Propos recueillis par Frédéric Hénin

A Bruxelles, il est parvenu dès l’automne 2009 à réorienter les débats mal engagés sur la Pac post 2013, en leur donnant une tonalité fortement régulatrice. Dès son arrivée, rue de Varenne, Bruno Le Maire a souhaité travailler avec tous les syndicats, favorable à une meilleure représentation syndicale au sein des instances professionnelles. En fait, l’agriculture est une affaire d’experts et d’hommes de confiance.

Confiance qu’accordent 46 % des chefs d’exploitation à Bruno Le Maire pour « défendre l’agriculture et les agriculteurs », un ministre probablement victime par ricochet du discrédit que les agriculteurs portent à l’ensemble de la classe politique, et à Nicolas Sarkozy en particulier. En effet, cohérents avec eux-mêmes, 79 % des agriculteurs ne font pas confiance au président de la République pour défendre l’agriculture. Un taux ramené à 61 % pour François Fillon, premier ministre. En fait, neuf agriculteurs sur dix, proches de la Confédération paysanne, font partie du clan des « non », alors que 51 % des agriculteurs proches de la Fnsea font confiance au premier ministre.

Autre enseignement de ces sondages : l'écart constaté entre les catégories d’agriculteurs. Les éleveurs sont plus nombreux que les autres à ne pas faire confiance au ministre de l’agriculture, au premier ministre et au président pour défendre l’agriculture. Ils sont rejoints dans les mêmes proportions par les agriculteurs proches de la Confédération paysanne.

En fait à quelques semaines de la publication des comptes prévisionnels de l’agriculture pour 2010, les résultats du sondage traduisent avant tout le pessimisme des éleveurs, qui ne voient pas leur situation économique se redresser. Les agriculteurs « grandes cultures » et « polyculture élevage » profitant à l’inverse de l’embellie des céréales.

2010, une année de convalescence

 A Bruxelles, les agriculteurs ne semblent pas rendre totalement responsable, le gouvernement, de la mauvaise orientation des négociations sur la réforme de la Pac. Si 68 % des 554 chefs d’exploitation interrogés pensent que « les négociations vont plutôt dans le mauvais sens », (15 % dans le bon sens), 43 % « approuvent les positions défendues par le gouvernement français » à Bruxelles.

A noter toutefois, un fort clivage entre les adhérents de la Fnsea (64,5 %) et les polyculteurs éleveurs (54 %), qui font partie du clan de ceux qui approuvent les positions défendues par le gouvernement français pour réformer la Pac, alors qu’une large majorité des agriculteurs proches de la Coordination rurale (61 %) et de la Conféderation paysanne (65 %) n’approuve pas. Les exploitants « grandes cultures » sont également plus nombreux dans le clan des « défiants » : 75 % d’entre eux pensent que « les négociations vont plutôt dans le mauvais sens » et 52 % n’approuvent pas les positions défendues par le gouvernement.


Cliquez sur l'image pour agrandir le graphique. (© Baromètre agricole Terre-net Bva)

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